Un simple appel peut suffire à faire basculer votre quotidien. Derrière une voix rassurante se cache parfois un cybercriminel bien renseigné… Le vishing, contraction de voice et phishing, est une technique d’arnaque par téléphone en plein essor. Elle s’infiltre dans notre quotidien sous des airs de normalité : un faux conseiller bancaire, un technicien informatique « bienveillant », un agent des impôts… Et le piège se referme.
Tout comme le ping call, cette arnaque qui vous pousse à rappeler un numéro surtaxé après une sonnerie furtive, le vishing repose sur l’ingénierie sociale, cette capacité à manipuler votre confiance pour soutirer des informations sensibles. Et en 2025, le phénomène prend une ampleur inquiétante.
Sommaire
Le vishing, c’est quoi exactement ?
Le vishing désigne une escroquerie téléphonique qui vise à soutirer à ses victimes des données personnelles ou bancaires. Contrairement au phishing, qui agit par e-mail, ou au smishing, par SMS, ici, tout se passe à l’oral.
Les fraudeurs n’hésitent pas à usurper le numéro d’un organisme connu (banque, police, impôts, support informatique…) grâce à des technologies comme la VoIP. Cela donne à leur appel une fausse légitimité, accentuant la crédibilité de leur scénario.
Exemples d’accroches classiques :
- « Bonjour, nous avons détecté une activité suspecte sur votre compte… »
- « Vous avez été tiré au sort pour bénéficier d’une aide exceptionnelle… »
- « Un virus critique a été détecté sur votre ordinateur, merci d’appeler ce numéro immédiatement. »
Et parfois, l’arnaque est même double : un e-mail de phishing sert de prélude à un appel de vishing, piégeant la victime étape par étape.
Des attaques de plus en plus ciblées et sophistiquées
Les cybercriminels ne laissent rien au hasard. Grâce à des fuites de données ou à des achats d’informations sur le darknet, ils disposent souvent de détails personnels très précis (nom, prénom, adresse, banque utilisée…). Ce contexte met la victime en confiance et la pousse à se livrer.
L’ingénierie sociale est au cœur de leur stratégie. Ils jouent sur :
- L’urgence : « Vous devez agir maintenant pour éviter le blocage de votre compte. »
- La peur : « Un prélèvement frauduleux est en cours. »
- La récompense : « Vous avez gagné un lot, il suffit de nous confirmer vos coordonnées. »
Certains vont jusqu’à utiliser des voix générées par l’intelligence artificielle, pour imiter un proche, un collègue ou même un responsable de votre banque. Le réalisme devient glaçant.
Conséquences : quand le téléphone devient une arme financière
Les impacts du vishing peuvent être dévastateurs. Et les témoignages se multiplient.
Vol d’argent en quelques minutes
En France, les cas d’arnaques au faux conseiller bancaire explosent. Les victimes se font dérober des milliers, voire des dizaines de milliers d’euros, souvent sans aucun espoir de remboursement. En effet, si la banque juge que le client a été négligent, elle peut refuser d’indemniser.
Usurpation d’identité
Une fois vos informations personnelles obtenues (carte d’identité, numéro de compte, adresse, etc.), les escrocs peuvent ouvrir des comptes bancaires, contracter des crédits ou encore pirater d’autres services à votre nom.
Stress et méfiance durables
Le vishing laisse aussi des traces psychologiques. Les victimes décrivent une perte de confiance, une vigilance permanente, voire un technostress quotidien, par crainte d’être à nouveau piégées.
Qui sont les principales cibles du vishing ?
Tout le monde peut être concerné, mais certaines cibles sont privilégiées :
- Les clients de grandes banques
- Les personnes âgées ou vulnérables
- Les nouveaux employés en entreprise
- Les services sensibles (RH, IT, comptabilité)
Le vishing d’entreprise est en forte progression : un faux technicien peut appeler pour demander un accès à distance, prétextant une maintenance urgente.
Comment reconnaître une tentative de vishing ?
Même si ces arnaques sont de mieux en mieux ficelées, quelques signaux d’alerte peuvent aider :
- L’appel vient d’un numéro inconnu ou masqué, parfois depuis un indicatif de téléphone étranger 32, 357, 423…)
- L’interlocuteur vous met sous pression
- Il refuse de vous laisser rappeler plus tard
- Il demande des informations sensibles : identifiants, mots de passe, coordonnées bancaires…
- Il tente de vous faire cliquer sur un lien envoyé par e-mail ou SMS
💡 Conseil : Méfiez-vous des appels non sollicités, même s’ils semblent légitimes. Ne donnez jamais d’informations confidentielles par téléphone.
Que faire si vous êtes victime ?
Voici les étapes à suivre immédiatement :
- Raccrochez dès que vous suspectez une arnaque.
- Contactez directement votre banque via un numéro officiel (site web ou carte bancaire).
- Faites opposition sur vos moyens de paiement si besoin.
- Changez vos mots de passe, surtout ceux liés à vos comptes bancaires.
- Déclarez l’arnaque sur www.internet-signalement.gouv.fr.
- Portez plainte auprès de la gendarmerie ou de la police.
Il est également essentiel de prévenir vos proches, surtout les plus âgés, qui peuvent être des cibles faciles.
Comment se protéger efficacement du vishing ?
Les bons réflexes peuvent faire toute la différence. Voici quelques mesures simples mais efficaces :
- Ne communiquez jamais vos informations sensibles par téléphone, même si l’appel semble venir d’un numéro officiel.
- Ignorez les appels d’inconnus. Laissez-les sur votre messagerie et vérifiez avant de rappeler.
- Inscrivez-vous sur la liste Bloctel pour limiter le démarchage.
- Activez la double authentification sur tous vos comptes.
- Installez une application de blocage des appels indésirables.
- Formez vos équipes en entreprise à la cybersécurité pour éviter les attaques internes.
Et surtout, restez calme face à l’urgence simulée. Un véritable conseiller ne vous pressera jamais de fournir des informations sensibles en quelques secondes.
Vishing et ping call : même combat contre les appels malveillants
Si le vishing vous pousse à parler, le ping call (un appel court qui vous pousse à rappeler un numéro surtaxé) repose aussi sur une manipulation psychologique. Dans les deux cas, les escrocs comptent sur votre curiosité ou votre inquiétude.
Ce sont des attaques silencieuses, sans lien ou pièce jointe, mais tout aussi dangereuses que les cyberattaques traditionnelles.
Un mot d’ordre : vigilance
Le vishing illustre une vérité simple : la voix peut aussi être une arme. Aujourd’hui, les cybercriminels ne se contentent plus de pirater les machines. Ils s’attaquent à la confiance humaine.
Mais en comprenant leurs techniques, en formant les bonnes pratiques et en gardant un esprit critique, chacun peut briser le piège du vishing avant qu’il ne se referme.