Vous ne supportez pas les gens qui mâchent bruyamment leur chewing-gum ? Ce n’est pas un caprice. Votre cerveau pourrait y être neurologiquement sensible.
Le simple claquement d’une bouche qui mâche du chewing-gum peut vous donner envie de quitter la pièce, de vous boucher les oreilles ou même de hurler ? Si cette réaction vous semble excessive, rassurez-vous : elle est bien plus courante – et plus sérieuse – qu’on ne le pense. Ce rejet instinctif du bruit de mastication est loin d’être anodin. Il s’agit d’un véritable signal d’alerte neurologique, révélateur d’une sensibilité auditive particulière.
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Ce bruit de mastication déclenche chez vous une réaction viscérale ? Vous n’êtes pas seul
Ce n’est pas le chewing-gum en lui-même qui pose problème, mais le son qu’il produit. Ce « tchic-tchac » humide et répétitif, parfois accentué par des bulles qui éclatent, a de quoi heurter les oreilles les plus sensibles. Chez certaines personnes, ce bruit va au-delà de l’agacement : il déclenche une réaction physique et émotionnelle violente, immédiate, incontrôlable.
Il ne s’agit pas d’un simple manque de tolérance sociale, mais d’un véritable phénomène neurologique qui fait que ce bruit est perçu comme une agression sonore.

Le chewing-gum, un bruit perçu comme une menace par votre cerveau
Les chercheurs ont identifié ce type de réaction comme un cas typique de misophonie, un trouble où certains sons spécifiques provoquent des émotions négatives extrêmes. Et parmi tous les déclencheurs, le bruit du chewing-gum est en tête de liste.
Pourquoi ? Parce que ce son combine plusieurs caractéristiques insupportables pour les cerveaux sensibles :
- Il est répétitif, sans rythme clair, ce qui empêche le cerveau de s’y adapter.
- Il est humide, ce qui évoque des sensations biologiquement désagréables.
- Il est produit par un autre humain, ce qui le rend impossible à ignorer dans un contexte social.
Le résultat ? Votre système nerveux passe en mode alerte. Vous ressentez une montée de stress, voire de colère. Votre cerveau identifie ce son comme une nuisance qu’il ne peut pas filtrer, ce qui crée une surcharge sensorielle.
Une hypersensibilité auditive liée à un cerveau plus attentif
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que cette hypersensibilité n’est pas un « défaut ». Au contraire, plusieurs études – notamment celles menées par la Northwestern University – montrent que les personnes qui réagissent fortement à des sons comme le chewing-gum présentent souvent des capacités cognitives et créatives supérieures à la moyenne.
Pourquoi ? Parce que leur cerveau traite plus de signaux sensoriels que celui des autres. Là où la plupart vont simplement ignorer un son de fond, leur cerveau refuse de le mettre de côté. Cela rend leur attention très fine, mais aussi plus vulnérable aux distractions et agressions sonores.
Une réponse de survie incontrôlable
Si ce bruit vous donne envie de crier ou de fuir, ce n’est pas « dans votre tête » : c’est une réaction biologique réelle. Le son active dans le cerveau des zones liées à la peur et à l’agression, notamment l’amygdale, impliquée dans les réponses émotionnelles primaires. Cela déclenche :
- Une accélération du rythme cardiaque
- Une tension musculaire
- Une montée de stress
- Parfois même une attaque de panique
Ce mécanisme est proche de ce qu’on appelle la réaction « combat ou fuite ». Le corps se prépare à affronter une menace… sauf qu’ici, la menace, c’est une personne qui mâche un chewing-gum à côté de vous.

Pourquoi c’est souvent pire dans les lieux publics ou au travail
La gêne liée au chewing-gum devient encore plus insupportable dans certains contextes : une réunion, un transport en commun, un espace clos. Et c’est logique : vous êtes coincé, sans possibilité de vous éloigner du bruit. Cela renforce le sentiment d’impuissance, ce qui accentue l’effet d’irritation.
D’autant que ce son est souvent involontairement provocant : mâcher la bouche ouverte, faire éclater les bulles ou mâcher vite et fort peut être interprété comme un manque de respect ou une intrusion dans l’espace auditif d’autrui.
Alors, caprice ou réalité scientifique ?
Il est essentiel de comprendre que ne pas supporter le bruit du chewing-gum n’est pas une lubie. Il s’agit d’un phénomène neurologique bien réel, qui a des impacts sur la qualité de vie, la concentration, les relations sociales, et même l’estime de soi.
Si vous vous reconnaissez dans ce portrait, vous n’êtes pas seul – et vous n’avez pas à culpabiliser. Il peut être utile :
- D’en parler autour de vous pour sensibiliser vos proches
- D’utiliser des bouchons d’oreilles ou un casque anti-bruit dans les espaces sensibles
- D’éviter certains lieux si le bruit devient trop envahissant
Dans certains cas plus extrêmes, une thérapie comportementale ou une approche de gestion du stress peut vous aider à mieux vivre avec cette hypersensibilité.
Et si on arrêtait de juger ?
Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que cette réaction ne fait pas de vous quelqu’un d’intolérant. Elle révèle simplement que votre cerveau perçoit le monde avec une acuité particulière. Une richesse sensorielle qui, bien que parfois épuisante, est aussi synonyme de finesse, d’attention et souvent… de créativité.
Alors la prochaine fois qu’un chewing-gum vous rend fou, vous saurez : ce n’est pas vous le problème. C’est votre cerveau qui fonctionne un peu différemment – et ce n’est pas une faiblesse, mais une force.






