Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est à reconstruire. Le continent est ravagé, les tensions sont vives, notamment entre la France et l’Allemagne. C’est pourtant dans ce contexte que naît un projet ambitieux : celui de la construction européenne. Un projet auquel la France a pris part dès l’origine, jouant un rôle moteur à travers ses dirigeants, ses idées, mais aussi ses hésitations.
C’est ce parcours que l’on étudie aujourd’hui dans de nombreux programmes d’histoire-géographie au CAP, sous l’intitulé : « La France et la construction européenne depuis 1950 ». Cet article vous propose une synthèse claire et vivante de cette histoire, en vous apportant des éléments concrets pour comprendre le rôle central de la France dans cette aventure européenne, de la CECA au Brexit, en passant par Maastricht, l’euro ou encore le Parlement européen.
Sommaire
L’essentiel à retenir : la France et la construction européenne depuis 1950
Tu es en CAP et tu veux retenir l’essentiel de cette leçon sans lire tout le cours ? Alors ce tableau est fait pour toi. Si tu apprends ces dates clés et infos principales, tu maîtrises les bases. Et si tu veux aller plus loin dans la NextGenerationEU, tu trouveras un résumé plus complet juste après.
Date | Événement / Fait majeur | Ce qu’il faut retenir |
---|---|---|
1950 | Discours de Robert Schuman | Lancement du projet européen pour garantir la paix entre la France et l’Allemagne |
1951 | Création de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) | Première mise en commun de ressources (charbon et acier) entre 6 pays européens |
1957 | Traité de Rome | Naissance de la CEE, début du marché commun |
1992 | Traité de Maastricht | Création de l’Union européenne, introduction de la citoyenneté européenne |
2002 | Mise en circulation de l’euro | Monnaie unique utilisée dans la plupart des pays de l’UE, dont la France |
2012 | Prix Nobel de la paix à l’UE | Reconnaissance du rôle de l’UE pour la paix et la liberté |
Aujourd’hui | 27 pays dans l’Union européenne | L’UE est une grande organisation politique et économique, avec des projets communs |
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Une Europe unie pour éviter une nouvelle guerre
L’idée d’unir les pays européens ne date pas de 1950. Elle émerge dès l’entre-deux-guerres, notamment avec le discours d’Aristide Briand à la Société des Nations. Mais c’est après la Seconde Guerre mondiale, théâtre de guerres totales, que ce rêve devient un objectif politique concret.
L’Europe est alors marquée par 50 millions de morts, des destructions massives et une profonde défiance entre les peuples. Pourtant, c’est dans ce chaos qu’un Français, Jean Monnet, conçoit une idée simple mais révolutionnaire : pour éviter une nouvelle guerre, il faut créer des interdépendances économiques entre les pays ennemis d’hier.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, reprend cette idée dans un discours historique. Il propose de mettre en commun la production de charbon et d’acier entre la France et l’Allemagne, dans une structure ouverte à d’autres pays européens. Pourquoi ces deux produits ? Parce qu’ils sont les fondements de l’industrie… mais aussi de l’armement. En les mutualisant, toute guerre deviendrait non seulement impensable, mais matériellement impossible.
C’est ainsi que naît en 1951 la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), première étape concrète de la construction européenne, avec 6 pays fondateurs : France, Allemagne (RFA), Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas.
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De la CECA à l’Union européenne : les grandes étapes
L’histoire de l’intégration européenne s’est construite par étapes progressives, selon la méthode des « petits pas » chère à Jean Monnet.
La création de la Communauté économique européenne (CEE)
En 1957, les six pays fondateurs de la CECA signent le traité de Rome, qui crée la CEE. L’objectif est de former un marché commun, où les marchandises, les capitaux et les personnes circulent librement. C’est un tournant : l’Europe ne se contente plus de coopérer sur le charbon et l’acier, elle devient un acteur économique global.
Des élargissements successifs
Au fil des années, de nouveaux États membres rejoignent l’aventure. Le Royaume-Uni, le Danemark et l’Irlande entrent en 1973, suivis de la Grèce (1981), de l’Espagne et du Portugal (1986). Ces élargissements traduisent l’attractivité du projet européen, mais soulèvent aussi des tensions, notamment en France, où certains y voient une dilution des valeurs fondatrices.
Le traité de Maastricht et la naissance de l’Union européenne
Le traité de Maastricht, signé en 1992, marque une nouvelle étape majeure : la naissance officielle de l’Union européenne. La CEE devient l’UE, avec des compétences élargies : citoyenneté européenne, politique étrangère, sécurité, monnaie unique… Ce traité est soutenu par François Mitterrand, mais le référendum français ne l’approuve qu’avec une très courte majorité (51,04 %).
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La France, moteur mais aussi critique de l’Union
Un engagement constant depuis 1950
La France a toujours joué un rôle central dans les avancées européennes. Elle a soutenu la création du marché commun, du système monétaire européen, de la monnaie unique (euro), et défend depuis longtemps une Europe puissance avec une autonomie stratégique, notamment en matière de défense.
Parmi les figures marquantes, on retrouve Valéry Giscard d’Estaing, architecte de l’Acte unique européen et du projet de Constitution européenne, Jacques Delors, président de la Commission européenne, et plus récemment Emmanuel Macron, fervent partisan d’une Europe souveraine et unie.
Des résistances et des euroscepticismes
Mais l’enthousiasme français est parfois teinté de scepticisme. En 2005, les Français rejettent massivement le projet de Constitution européenne par référendum. L’euroscepticisme gagne du terrain, porté par des partis comme le Rassemblement national ou La France insoumise, qui dénoncent une perte de souveraineté nationale et une politique économique perçue comme contraignante.
Une stratégie au service de l’intérêt national
Contrairement à d’autres pays plus fédéralistes, la France voit souvent l’Union européenne comme un outil au service de ses intérêts. Elle cherche à peser dans les décisions, à influencer les politiques européennes, notamment en matière agricole (via la PAC), économique et industrielle.
Une Europe en constante évolution
Aujourd’hui, l’Union européenne compte 27 pays, dont 20 partagent une monnaie unique : l’euro. Les citoyens circulent librement au sein de l’espace Schengen, les échanges sont facilités, et les projets communs se multiplient : Erasmus+, Ariane, Green Deal, numérique…
Mais les défis restent nombreux : crises migratoires, enjeux climatiques, guerre en Ukraine, montée du populisme, tensions économiques…
La France, en tant que membre fondateur, continue de jouer un rôle clé dans l’équilibre européen. Elle doit composer avec une Allemagne devenue leader économique, une Europe de l’Est plus influente, et des opinions publiques françaises parfois critiques.
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La construction européenne, un projet de paix et de développement des territoires
Au-delà de l’économie et des institutions, la construction européenne est aussi un projet de société, fondé sur des valeurs communes telles que la paix, la liberté, la solidarité et le développement des territoires. Depuis le milieu du XXe siècle, les pays membres de l’Union ont cherché à bâtir une organisation stable, capable de garantir la sécurité des citoyens tout en favorisant leur bien-être.
Grâce aux fonds européens, de nombreuses régions françaises – notamment rurales, industrielles ou en reconversion – ont pu financer des projets essentiels pour l’emploi, l’éducation, les transports ou encore la transition écologique. Des espaces comme le Massif central, les Hauts-de-France ou la Corse bénéficient régulièrement de ces aides, symboles concrets de l’engagement européen en faveur de l’égalité des territoires.
La République française, à travers ses gouvernements successifs, s’est engagée dans cette dynamique en mettant en œuvre sur son sol les programmes européens. À Paris, mais aussi dans les régions, les initiatives locales s’inscrivent dans un cadre commun. La mise en cohérence des politiques nationales et européennes reste un enjeu de taille pour garantir l’efficacité des actions menées. À l’échelle des territoires, l’Europe est donc bien plus qu’un concept : elle est une réalité vécue au quotidien.
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FAQ – La France et la construction européenne depuis 1950
Pour garantir la paix après deux guerres mondiales, en créant une coopération économique entre pays ennemis, notamment la France et l’Allemagne.
Le charbon et l’acier, deux ressources clés pour l’industrie et la reconstruction d’après-guerre.
Un rôle fondateur et moteur, avec une influence importante dans les décisions politiques, économiques et diplomatiques.
La Communauté européenne du charbon et de l’acier, créée en 1951 par 6 pays, dont la France.
27 États membres depuis le départ du Royaume-Uni en 2020 (Brexit).
Pour faciliter les échanges et renforcer l’intégration économique entre les pays membres.
Paix, liberté, démocratie, solidarité et respect des droits humains.
Des financements pour ses territoires, la liberté de circulation pour ses citoyens et une voix plus forte dans le monde.
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La France, actrice incontournable mais en tension !
Depuis 1950, la France est un pilier de la construction européenne. Elle en a été l’une des initiatrices, en a modelé les institutions, impulsé les grands projets, et en a bénéficié sur le plan économique et politique. Mais elle reste aussi marquée par une ambivalence : soutien aux projets européens, mais attachement fort à sa souveraineté.
C’est sans doute ce qui fait la richesse et la complexité de la relation entre la France et l’Europe : une histoire de coopération, de réconciliation, de défis partagés, mais aussi de débats et de remises en question.
Pour les élèves de CAP, ce thème est fondamental pour comprendre l’histoire contemporaine, les enjeux géopolitiques actuels et le rôle de la France dans le monde. Et pour chacun d’entre nous, il est essentiel de réfléchir à l’avenir de cette Europe que nous construisons ensemble depuis plus de 70 ans.
Un projet né à Paris, porté par des valeurs fortes et ancré dans nos espaces quotidiens : l’Europe façonne notre république contemporaine. Et son avenir, c’est aussi à nous de le construire.