Recharger une voiture électrique à domicile, c’est pratique, économique… à condition de bien dimensionner la puissance de son compteur. C’est un détail qui paraît technique, presque secondaire. Et pourtant, c’est lui qui garantit que vous puissiez recharger votre véhicule sans faire disjoncter toute la maison. Alors, comment savoir quelle puissance électrique choisir pour une borne de recharge ? Faut-il forcément passer au triphasé ? Quels sont les vrais besoins selon votre usage ?
Voici un guide clair et complet pour enfin tout comprendre — sans jargon, sans blabla — et faire le bon choix pour votre installation électrique.
Sommaire
Tout commence par la bonne question : combien consomme une voiture électrique ?
Avant même de parler compteur, il faut comprendre ce que représente une recharge de voiture électrique en termes de puissance. Concrètement, chaque véhicule embarque une batterie exprimée en kilowattheures (kWh), l’équivalent de la taille du réservoir. Et pour la remplir, il faut une prise capable de délivrer assez d’énergie, mesurée cette fois en kilowatts (kW).
⚡ Une borne de recharge 3,7 kW mettra plus de 12h pour recharger une batterie de 50 kWh.
⚡ Une 7,4 kW, souvent considérée comme le meilleur compromis, descendra ce temps à 6 ou 7 heures.
⚡ Une borne 11 ou 22 kW, plus puissante, fera le travail en 3 à 5 heures, mais attention : ce n’est possible que si votre véhicule accepte cette puissance.
Et voilà le point clé : la vitesse de recharge dépend autant de la borne que de la voiture. Installer une borne ultra-puissante ne servira à rien si votre voiture limite la charge à 7,4 kW.
kW, kVA, monophasé, triphasé… déchiffrons ce que cache votre compteur
Entrons dans le vif du sujet. Votre compteur électrique, qu’il soit signé EDF ou Enedis, vous alimente avec une puissance souscrite, exprimée en kVA (kilovoltampères). C’est la quantité d’énergie que vous pouvez consommer en simultané dans votre logement.
En résidentiel, 1 kVA = environ 1 kW, ce qui simplifie les calculs.
Autrement dit, si votre borne consomme 7,4 kW et que vous faites tourner le four, le ballon d’eau chaude et une machine à laver en même temps, il vous faut un compteur suffisamment dimensionné pour absorber le tout. Sinon ? Ça saute.
En France, les puissances standards vont de 3 à 36 kVA. Jusqu’à 12 kVA, on parle de monophasé. Au-delà, le triphasé devient nécessaire, car il répartit mieux la charge.
Pourquoi la puissance du compteur est si importante pour la recharge à domicile
Prenons un exemple simple : vous habitez dans un logement équipé d’un compteur 6 kVA, une puissance courante pour un foyer sans chauffage électrique. C’est suffisant pour la majorité des usages du quotidien.
Mais si vous installez une borne 7,4 kW, et que vous tentez de recharger votre voiture en même temps que vous cuisinez et chauffez de l’eau… votre compteur ne tiendra pas. Il faut donc soit augmenter la puissance, soit choisir une borne moins gourmande, soit recharger aux heures creuses.
Tout est une question d’équilibre entre :
- la puissance de la borne,
- les autres consommations du foyer,
- et le moment où vous rechargez (jour ou nuit).
Cas pratiques : quelle puissance de compteur selon votre profil ?
Voici un tableau récapitulatif pour y voir plus clair. Il s’agit d’estimations réalistes selon la surface du logement, le type de chauffage, la borne installée et le moment de recharge.
| Logement | Chauffage | Recharge de nuit | Recharge de jour | Type de borne |
|---|---|---|---|---|
| Appartement 60 m² | Gaz | 6 kVA | 9 kVA | 3,7 à 7,4 kW |
| Maison 100 m² | Électrique | 9 kVA | 15 kVA | 7,4 kW |
| Maison 150 m² | Électrique | 12 kVA | 18 kVA | 7,4 à 11 kW |
| Maison avec piscine ou pompe à chaleur | Électrique | 15 kVA | 24 kVA | 11 à 22 kW (triphasé) |
Ce tableau donne un ordre d’idée. Pour un diagnostic précis, une étude électrique préalable est fortement conseillée.
Et si vous dépassez la puissance ? Attention au disjoncteur !
Votre compteur ne plaisante pas. À la moindre surcharge, il disjoncte. C’est une sécurité indispensable, mais qui peut devenir contraignante si vous ne gérez pas bien vos appels de puissance.
Une des options est d’installer un système de délestage intelligent. Celui-ci coupe temporairement certains appareils pour prioriser la recharge de la voiture, ou l’inverse. Certaines bornes de recharge intègrent déjà cette fonction.
Monophasé ou triphasé : faut-il changer son installation
Pas forcément. Le monophasé suffit dans la majorité des cas, notamment pour les bornes 3,7 ou 7,4 kW, qui couvrent les besoins de 80 % des automobilistes.
Le triphasé devient pertinent si :
- vous avez déjà une installation compatible,
- vous envisagez une borne 11 ou 22 kW,
- vous avez des équipements très énergivores (pompe à chaleur, piscine, atelier).
Mais attention : passer en triphasé implique une intervention d’Enedis, des travaux sur le tableau électrique, et un coût supplémentaire à prévoir.
Faut-il forcément augmenter la puissance de son abonnement EDF ?
Pas toujours. Si vous rechargez exclusivement la nuit, votre puissance actuelle peut suffire, à condition de choisir une borne adaptée à votre installation.
Mais si vous constatez que la recharge est trop lente, ou que votre compteur saute souvent, l’augmentation de puissance devient nécessaire. Voici les seuils de référence :
| Borne installée | Puissance compteur minimale recommandée |
|---|---|
| 3,7 kW | 6 kVA |
| 7,4 kW | 9 kVA |
| 11 kW | 12 kVA (triphasé) |
| 22 kW | 24 kVA (triphasé) |
Le coût d’un changement de puissance chez EDF est raisonnable (souvent moins de 40 €) mais l’abonnement mensuel augmentera. À vous de calculer le rapport coût/confort.
Recharger de jour ou de nuit : un choix stratégique
La majorité des automobilistes rechargent leur véhicule la nuit, notamment pour profiter des heures creuses et de l’absence d’autres équipements en fonctionnement. Bonne nouvelle : si vous êtes dans ce cas, vous n’avez souvent pas besoin d’augmenter la puissance de votre compteur.
En revanche, si vous rechargez régulièrement en journée, quand les appareils tournent à plein régime, l’équation change. Il faudra soit monter à 9 ou 12 kVA, soit installer une borne intelligente capable de moduler sa puissance en fonction de la consommation de la maison.
Peut-on mutualiser la puissance pour plusieurs véhicules électriques ?
Avec l’essor de la mobilité électrique, de plus en plus de foyers possèdent deux véhicules électriques. C’est une situation de plus en plus fréquente, notamment en maison individuelle, mais aussi sur les parkings d’entreprise ou en copropriété. La question qui se pose alors est la suivante : faut-il doubler la puissance du compteur ou existe-t-il une autre solution ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’est pas nécessaire d’additionner les puissances des deux bornes. Il est tout à fait possible de mutualiser la recharge, à condition de choisir une installation intelligente. Certaines bornes — dites communicantes — sont capables de gérer dynamiquement la puissance disponible, en alternant la recharge des deux véhicules ou en modulant le débit en fonction des autres usages électriques domestiques. Ce mode de fonctionnement optimisé permet de ne pas surdimensionner inutilement la puissance du compteur, et donc de limiter les coûts.
En clair, il ne s’agit pas de savoir combien de bornes on installe, mais comment on les pilote intelligemment. Pour cela, des solutions techniques existent, notamment via des bornes connectées intégrant des fonctions de répartition automatique de la puissance maximale disponible, selon les équipements actifs dans le logement.
C’est une approche souple, évolutive, et particulièrement utile pour ceux qui veulent anticiper l’électrification progressive de leur flotte familiale ou d’entreprise. Et surtout, cela évite de faire grimper le prix de l’abonnement EDF sans réel besoin.
Et les voitures, dans tout ça ? Sont-elles toutes compatibles avec toutes les bornes ?
Non, et c’est un point souvent négligé. Chaque véhicule électrique possède un chargeur embarqué qui limite la puissance qu’il peut accepter en courant alternatif (AC).
👉 Une Renault Zoé accepte jusqu’à 22 kW,
👉 une Fiat 500e monte à 11 kW,
👉 une Tesla Model Y plafonne à 11 kW en AC, même si elle supporte 170 kW en DC sur autoroute.
Installer une borne 22 kW si votre voiture est limitée à 7,4 kW ne sert à rien… sauf à anticiper un futur changement de véhicule.
Dernier conseil : faites appel à un installateur certifié IRVE
Pour toute borne supérieure à 3,7 kW, la réglementation impose une installation par un professionnel IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique). Non seulement c’est obligatoire pour bénéficier des aides comme le crédit d’impôt, mais c’est aussi une garantie de sécurité et de conformité.
L’installateur saura analyser votre consommation énergétique, la capacité de votre compteur, et vous proposera la puissance idéale selon vos habitudes.
FAQ : les réponses aux questions les plus fréquentes
La puissance standard est de 7,4 kW, compatible avec le monophasé. Elle convient à la majorité des véhicules électriques.
Oui, mais cela n’accélérera pas la recharge. La batterie limite la puissance maximale acceptée.
Uniquement si vous souhaitez installer une borne de 11 ou 22 kW et que votre installation ne le permet pas déjà.
Oui, grâce à des bornes intelligentes qui répartissent la puissance ou alternent la recharge des deux voitures.
En général, entre 30 et 50 € pour la modification. Mais l’abonnement mensuel sera plus cher.
Pas si elle dépasse 3,7 kW. Au-delà, l’intervention d’un installateur IRVE est obligatoire pour des raisons de sécurité et de conformité.
Conclusion : la bonne puissance de compteur, c’est celle qui colle à VOTRE usage
Il n’existe pas de réponse universelle. La bonne puissance électrique pour recharger votre voiture dépend avant tout de vous : votre véhicule, vos trajets, votre maison, votre budget.
Ce qu’il faut retenir :
- En monophasé, la borne 7,4 kW reste le meilleur compromis.
- Une puissance de 9 à 12 kVA suffit dans la plupart des cas, surtout avec une recharge nocturne.
- Si vous voulez aller plus vite, ou si vous avez des besoins plus intensifs, le triphasé avec 11 ou 22 kW devient envisageable, mais nécessite une installation adaptée.
Prenez le temps de bien définir vos besoins. Car bien dimensionner, c’est économiser de l’argent, gagner en confort, et éviter les mauvaises surprises à l’usage.
