Chaque année, Sidaction commande un large baromètre à l’institut de sondage IFOP. Le rapport de cette année a été publié fin mars et confirme une inquiétude déjà annoncée : les jeunes sont de moins en moins informés sur les risques du Sida. La codécouvreuse du virus il y a plus de 30 ans a également tiré la sonnette d’alarme concernant la banalisation de cette épidémie.
Les jeunes sont de moins en moins bien informés sur le VIH
Ce que le sondage IFOP pour l’association Sidaction révèle, c’est que les jeunes de 15 à 24 ans s’estiment eux-mêmes de moins en moins bien informés sur la question. En 2019, 23 % d’entre eux estiment qu’ils ne savent pas assez de choses sur le virus du Sida. Ils n’étaient que 11 % en 2009. C’est d’ailleurs cette rapide augmentation qui inquiète le plus.
François Barré-Sinoussi, l’une des découvreuses du VIH en 1983, a récemment admis en interview qu’elle était très inquiète de voir l’épidémie du Sida entrer dans une seconde phase de vaste propagation de l’épidémie. Pourquoi ? Parce que la maladie s’est banalisée, du fait de l’efficacité de certains médicaments, même s’ils ne soignent toujours pas.
Les jeunes se protègent de moins en moins
Alors que la lecture régulière d’un magazine santé de qualité, ou même une simple recherche sur Internet pourrait suffire à fournir une information de qualité, les jeunes semblent de moins en moins intéressés par la question. Pire encore, 21 % d’entre eux admettent, en 2019, ne pas avoir peur du virus. C’est ce sentiment d’impunité que redoute surtout la communauté scientifique.
Malheureusement, les idées fausses sur le VIH continuent de progresser et un sondage de 2018 révélait que 20 % des jeunes pensaient qu’un vaccin ou un médicament contre le Sida existait. Ils sont également 21 % à ignorer les méthodes de transmission et notamment à croire que le virus peut être transmis par une piqure d’insecte ou en embrassant une personne séropositive.
L’Éducation nationale est-elle responsable ?
Ce rapport de l’IFOP publié par l’association Sidaction révèle d’autres statistiques préoccupantes. Parmi les jeunes personnes interrogées, 20 % des collégiens et des lycéens ont assuré n’avoir jamais reçu le moindre enseignement sur la question du VIH et du Sida. Pourtant, 73 % des 15-24 ans interrogés ont exprimé le souhait que la question soit abordée par l’Éducation nationale.
Ce rapport semble donc pointer du doigt une insuffisance des pouvoirs publics qui n’ont pas réussi à maintenir l’intérêt pour la question de cette épidémie mortelle. Résultat, le nombre de personnes infectées qui l’ignorent et transmettent ainsi le virus sans le savoir est en constante augmentation. Une situation inquiétante qui pourrait virer à la catastrophe mondiale si elle n’est pas vite enrayée.